Luttes électorales chaudes au Québec

 
Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois, lors de la parade gaie à Montréal en 2019.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois, lors de la parade gaie à Montréal en 2019.

Par Linda Godin

Il y a des élections dans l’air, pour reprendre en partie les paroles d’une célèbre chanson québécoise. Elles pourraient avoir lieu tôt cet automne, avant même que la Chambre des communes ait le temps de siéger. C’est un scénario qui devient de plus en plus probable. Il y a de très nombreux signes avant-coureurs, comme les tournées pancanadiennes des chefs, accompagnées d’annonces et de promesses.

Au Québec, les récents sondages mettent les libéraux avec une légère avance à 37% des intentions de votes, avec les bloquistes à environ 31%. Les conservateurs auront fort à faire pour garder leurs circonscriptions actuelles et espérer en remporter d’autres. Leur chef, Erin O’Toole, un montréalais, est peu connu des Québécois. Ni son parti, ni lui, ne montent d’ailleurs dans les sondages au Québec. 

Quant au Nouveau Parti démocratique, il n’a élu qu’un seul député québécois en 2019 et tentera de reprendre quelques sièges perdus. Un pari qui pour l’instant semble difficile, mais avec les récents sondages qui montrent que son chef, Jagmeet Singh, grimpe dans les faveurs de l’électorat, pourrait être gagné. Singh s’est révélé très bon en campagne électorale en 2019. Est-ce qu’il pourrait devenir la « wild card » lors d’élections automnales et brouiller les cartes des autres partis? Peut-être. En politique, tout peut changer très rapidement. 

Quoiqu’il en soit, présentement, la bataille au Québec semble se dessiner entre le Bloc Québécois et le Parti libéral. Le Parti libéral voudra reprendre au moins les 5 circonscriptions perdues en 2019. Selon certaines projections de votes, il y a présentement 20 circonscriptions sur 78 au Québec qui sont trop serrées pour même prédire une tendance. Sur ces 20 circonscriptions, 12 sont détenues par les troupes de Yves-François Blanchet. Il y aura donc encore de nombreuses circonscriptions chaudes dans la Belle Province. 

Parmi les enjeux électoraux, plusieurs risquent de tourner autour de questions linguistiques. Les derniers mois ont mis la table pour cela, à commencer par la motion du Bloc Québécois pour inclure dans la section québécoise de la Constitution la reconnaissance du Québec comme une nation et du français comme sa langue officielle. Après un deuxième dépôt, elle a été adoptée à la Chambre des communes.

L’essence de la motion du Bloc Québécois fait partie du projet de loi sur la refonte de la loi 101 au Québec. Déposée par le gouvernement Legault, le projet de loi inquiète les Anglo-Québécois qui craignent pour la protection de leurs droits linguistiques avec cette reconnaissance du français comme langue officielle. 

Et ça ne s’arrête pas là, cette reconnaissance fait aussi partie du projet de loi sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles au niveau fédéral, qui risque de mourir au feuilleton si des élections étaient déclenchées cet automne. Le projet de loi intéresse surtout les communautés de langue officielle vivant en milieu minoritaire. Les francophones à l’extérieur du Québec l’a veulent ardemment puisqu’elle assure la vitalité de leurs communautés. Quant aux Anglo-Québécois, ils s’inquiètent de cette reconnaissance et soutiennent que le projet de loi ne les protège pas suffisamment. Les francophones du Québec s’y intéressent évidemment parce qu’elle touche à différents éléments protégeant davantage le français. 

Enfin, la loi 21 portant sur la laïcité de l’État, qui a été au cœur des enjeux électoraux au Québec lors de la dernière campagne électorale fédérale, pourrait revenir sur le tapis. Le gouvernement québécois a décidé de porter en appel une décision de la Cour supérieure du Québec qui validait la loi, mais qui ajoutait certaines exceptions, dont celle que la loi ne s’appliquait pas aux réseaux scolaires publics anglophones. Québec conteste cette application de la loi selon des critères linguistiques. 

Il y a bien sûr d’autres enjeux qui intéressent les Québécois, notamment la relance post-pandémique, l’environnement et des mesures s’adressant aux femmes. Cependant, tout élément traitant de l’identité québécoise peut rapidement devenir un enjeu important en campagne électorale. 

 
Previous
Previous

Compass Rose lance sa division numérique et étoffe son équipe de spécialistes en affaires publiques

Next
Next

De la politique aux affaires publiques, Tisha Ashton se joint à l'équipe de Compass Rose