Les faux espoirs des libéraux avec la réélection de Trump
Une chose qui a été vraie pour les Canadiens tout au long des campagnes du président élu Donald Trump, c'est qu'ils ne l'aiment pas - ses politiques, ses attitudes culturelles ou son apparente aisance avec le chaos. Un récent sondage auprès des Canadiens a montré qu'ils préféraient la vice-présidente Kamala Harris comme présidente à Trump par une marge de trois contre un.
Pour un gouvernement libéral en place depuis neuf ans qui est constamment à la traîne dans les sondages, la réapparition de M. Trump est une bouée de sauvetage politique. Certains disent que c'est l'occasion de rappeler aux électeurs que le premier ministre Trudeau a traité le président avec calme et intelligence pendant le premier mandat de M. Trump. Le fait de voir Trudeau tenir tête à nouveau à Trump, selon cet argument, encouragera les électeurs à ré-apprivoiser son leadership.
Mais l'argument ne s'arrête pas là. Il poursuit en disant que M. Trudeau est également idéalement placé pour faire le lien entre le chaos anticipé du nouveau Trump et le leader qui est caractérisé dans certains milieux comme le Trump du Canada : Pierre Poilievre. Les partisans de cette croyance soulignent la tendance de Poilievre à emprunter au livre de jeu de Trump. Il communique avec une agressivité toute trumpienne, ciblant régulièrement les médias traditionnels - en particulier la CBC - comme étant dans la poche arrière des libéraux. Ses messages comportent des expressions trumpiennes telles que « anti-éveil », « anti-DEI » et « anti-WEF ». Il est allé jusqu'à traiter le Premier ministre de marxiste, une allégation que Trump a faite quotidiennement à l'encontre de Kamala Harris.
Il est compréhensible que les libéraux pensent que la réélection de Trump leur offre un espoir politique. C'est d'ailleurs pour certaines de ces raisons que nous avons suggéré, dans notre rubrique « Hot Takes » de cette année, que la seule personne qui espérait la réélection de Trump plus que Trump était le Premier ministre.
Mais il s'agit probablement d'un faux espoir. Tout d'abord, il repose sur la prémisse qu'il existe une source latente de soutien au Premier ministre. Depuis plus d'un an, les sondages indiquent que les Canadiens ne l'écoutent tout simplement plus. Réinitialiser cette tendance dans un contexte trumpien nécessiterait quelque chose de véritablement bouleversant.
Même si Trump devait effectivement susciter l'indignation au Canada, pour que Trudeau puisse rallier les électeurs en tant qu'anti-Trump, il faudrait qu'il n'y ait pas d'alternative crédible au leadership. Pour que cela fonctionne pour les libéraux, il faudrait que Poilievre joue le jeu du stéréotype Trump. Mais bien qu'il ait certainement tâté des thèmes proches de Trump, Poilievre n'a jamais fait le tour de la question.
La montée de Poilevre dans les sondages n'est pas due à des combats culturels, mais à une focalisation constante sur des questions de portefeuille qui ont touché une corde sensible chez les Canadiens en difficulté économique : l'inflation, les coûts du logement et de la location, et les taux d'intérêt.
Et à en juger par leur premier affrontement sur la question de savoir qui est le mieux à même de relever les nouveaux défis posés par Trump, Poilievre ne se laissera pas entraîner dans ce piège, remettant intelligemment en question les échecs du Premier ministre face à la première administration Trump.
Oui, il est compréhensible que les libéraux s'accrochent à la paille Trump. Mais à ce stade de leur mandat troublé, il est très révélateur qu'ils s'accrochent maintenant à n'importe quelle paille.